57ième Journée de l’Ingénieur 23/01/2016

La 57e Journée de l’ingénieur: Nouveau départ

Le Centre de Conférences de la Chambre de Commerce de Luxembourg a accueilli le 23 janvier 2016, l’association da Vinci pour sa journée de l’Ingénieur, rendez-vous traditionnel en début d’année. Plusieurs Députés, Ministres Honoraires, Responsables d’associations amies et environ 200 Membres étaient présents.
Cette journée permet aux Ingénieurs de présenter leurs activités récentes et leurs projets à venir. Et la journée permet aussi de donner la tribune à un orateur de qualité. Cette année, ce fut au tour du CEO du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) le Professeur Docteur Gabriel Crean, de nous présenter sa vue sur les défis et opportunités du Luxembourg afin d’assurer son avenir.
Après avoir souhaité la bienvenue à l’auditoire, Carlo Thelen, Directeur Général de la Chambre de Commerce a rappelé l’importance de la compétitivité, sujet toujours d’actualité et qui requiert coopération entre les entreprises privées et les institutions publiques.
De plus Carlo Thelen a souligné l’importance tant de l’entrepreneuriat que de la formation, et surtout de la formation continue, indispensables pour assurer l’avenir d’une économie tournée vers l’extérieur.

Valoriser le métier d’ingénieur, une mission au quotidien

Le Président de l’a.s.b.l. da Vinci, Marc Solvi, a ensuite pris la parole pour retracer les débuts de la vie associative des ingénieurs, architectes et industriels au Luxembourg. Si l’ALIAI, créée en 1897, a marqué le départ de la vie associative des ingénieurs du pays, l’ALI et Tema.lu ont également durant des décennies représenté dans notre pays les intérêts du monde technique.
Et avec les évolutions socio-économiques des dernières années, les responsables des différentes associations ont été amené à repenser la structure des organisations respectives, processus qui a finalement donné la vie à l’association da Vinci a.s.b.l.. Cette nouvelle association compte maintenant plus de 3 000 membres. En 2015, 44 jeunes ingénieurs ont rejoint notre organisation dont six femmes.
Marc Solvi a attiré l’attention de l’auditoire sur la place de la formation des ingénieurs rappelant l’importance de cette profession dans le développement de solutions techniques et scientifiques novatrices. Ce métier offre durablement des grandes chances de carrière aux jeunes. Afin de stimuler leurs intérêts pour ces métiers, plusieurs projets sont en place, dont le Wëssens-Atelier, soutenu par le Ministère de l’Education Nationale de l’Enfance et de la Jeunesse, la Fondation Veuve Emile Metz-Tesch, le FNR et par l’industrie luxembourgeoise.
Autre initiative en faveur de la promotion du métier de l’ingénieur sont, depuis des années, les Engineering Trainee Days en collaboration avec l’a.s.b.l. Jonk Entrepreneuren, où en 2015, 44 jeunes ont participé.

La recherche, moteur indispensable pour notre avenir

Le Professeur Docteur Gabriel Crean, Président Directeur Général du LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology) ayant sous sa coupe plus de 650 chercheurs, ingénieurs et technologistes, a ensuite pris le micro pour présenter les défis et les opportunités du Luxembourg pour la compétitivité conjuguée au futur.
Le mot crise ne cesse de faire écho, qu’il soit lié à la finance ou encore à l’énergie, et fait oublier les opportunités qui en découlent. En effet, l’économie mondiale n’a cessé de croître de décennies en décennies, la clé serait donc de rester positif et se battre pour l’avenir. C’est en imaginant le monde de 2030, que le Prof. Dr. Crean étoffe sa présentation : « Imaginez que les Etats-Unis deviennent le premier fournisseur de gaz et de pétrole devant la Russie et l’Arabie Saoudite? La technologie va en effet permettre aux Etats-Unis de devenir leaders en obtenant des ressources de zones encore jugées inaccessibles. Imaginez alors que Tesla, Google, Apple et Uber, deviennent les nouveaux leaders de l’automobile? » Dans le monde de 2030 dépeint par le Prof. Dr. Crean, le marché de l’automatisation automobile aura atteint 102 milliards de dollars. « Imaginez à présent, remplacer les décisions de fusions et d’acquisitions par des algorithmes ? De nos jours, IBM utilise le réseau social Twitter pour prendre des décisions stratégiques », souligne-t-il. Le génie chimique entraîne cette révolution rythmée par l’innovation, la clé de la croissance européenne future.

L’industrie indispensable pour l’innovation

La compétitivité européenne est en chute constante alors que celle de la Chine, de l’Inde ou encore du Pakistan est accrue. Ce phénomène s’explique d’après le Prof. Dr Crean par le retrait des investissements de Recherche et Développement (R&D) en Europe ou leur transfert à l’étranger.
Alors que l’on pourrait se féliciter de voir le Luxembourg apparaître en 9e position de l’Indice mondial 2014 de l’innovation, un classement Bloomberg place le Luxembourg en dessous des objectifs d’autres pays européens tels que l’Autriche, la Slovénie ou encore la République Tchèque. Tandis que les Etats-Unis et le Japon donnent un accent particulier à la recherche appliquée plutôt qu’à la recherche fondamentale, le Luxembourg alloue 56 % de ses investissements à cette dernière. Et pourtant, l’industrie digitale offre par exemple une zone de prospérité particulièrement dans le secteur automobile, le médical et de manière plus générale dans l’électronique.
Le Prof. Dr. Crean conclut sur l’importance pour le Luxembourg de se positionner dans la nouvelle révolution industrielle en donnant aussi un accent particulier aux mégadonnées (Big data). De par le monde, 90 % des mégadonnées furent créées seulement ces deux dernières années et leur profusion ne cesse de croître.
Avec une mise en regard entre Luxembourg et Singapour, on peut voir que ce dernier souhaite investir 85 % de son budget à la recherche appliquée et industrielle avec des investissements en R&D financés davantage par le secteur public que privé. L’Europe est dans le besoin urgent de réindustrialiser l’économie et le Luxembourg doit d’avantage consacrer ses efforts à la recherche technique pour créer de nouvelles opportunités de développement.
En résumé, le Prof. Dr. Crean a démontré de façon impressionnante la corrélation entre les efforts de recherche et développement et la croissance économique d’un pays. Même si le Luxembourg semble un élève modèle dans ce domaine, les apparences sont trompeuses. En réalité ce sont prioritairement les efforts de R&D à vocation pratique qui génèrent de la croissance et de la compétitivité. Sous cet aspect, les performances de la recherche au Luxembourg sont bien modestes.
En conclusion, le Grand-Duché de Luxembourg doit revoir à fond la nature et le but de ses projets de recherche et développement afin de garantir un potentiel de croissance économique à long terme.
Marc Solvi a clôturé la séance académique en invitant tous les participants à un verre d’amitié.